La société civile kurde de Turquie prend la parole et condamne le terrorisme du PKK
Suite à l’attentat à la voiture bombe qui a visé la population kurde à Diyarbakir en Turquie, Turquie News vous propose de (re)découvrir cet article paru dans le quotidien Radikal le 10 octobre 2007.
Faisant état de la violence de l’éthno-nationalisme kurde incarné par le PKK cet article montre également de nouvelles évolutions et surtout une perte de terrain du nationalisme kurde. Les récentes élections ont vu le DTP, branche politique du PKK, reculer fortement et les Kurdes de Turquie osent de plus en plus prendre la parole afin de se démarquer des pratiques terroristes. Sur la scène politique, seul le DTP résiste encore au risque de se retrouver sous la coup de poursuites judiciaires pour ses liens avec les dirigeants du PKK.
Mais qu’est ce qui a changé ? Les Kurdes ne craignent plus le PKK, tout simplement. Il y a encore à peine quelques années, l’organisation terroriste menaçait, réduisait au silence ou sinon assassinait tout Kurde osant critiquer les méthodes sanglantes d’Abdullah Öcalan...
Le PKK est considérée comme une organisation terroriste par la communauté internationale. Les attentats de l’organisation séparatiste ont causé la mort de plus de 37.000 personnes depuis 1984, début des attentats du groupe terroriste qui vise à instaurer un Etat indépendant kurde dans le sud-est de la Turquie.
La société civile kurde prend la parole
Le barreau de Diyarbakir , la plus grande ville du Sud-Est anatolien à majorité kurde ainsi que les organisations patronales de la même ville ont lancé un appel au dépôt des armes après le massacre de 14 soldats dans la province voisine de Sirnak (frontière irakienne).
Le président du barreau, Sezgin Tanrikulu a souligné que dans une région où l’on connaît des affrontements armés depuis 23 ans et ce de manière intense, il était désormais absurde de continuer à parler en se basant sur les chiffres. « Il nous faut désormais sortir la violence de la liste des moyens possibles de parvenir à une solution. Nous l’avvons déjà exprimé à de nombreuses reprises. Nous le réitérons aujourd’hui. La violence armée ne doit plus fonder quelque espoir que ce soit dans le sens d’une solution. Le gouvernement doit prendre sur lui de lancer au plus vite une démarche dans le sens d’une solution globale. Si les affrontements venaient à se poursuivre de la sorte alors le nombre de victimes ne ferait que croître. Chaque jour nous parviendront encore les annonces de nouvelles morts. De soldats. De membres du PKK. Le PKK doit de lui-même prendre la décision de mettre fin à la violence et de définitivement couper les ponts avec elle. Il est temps de formuler des démarches qui aient un sens dans un cadre démocratique. »
Le patron des patrons (président de la DISIAD) Raif Türk a envoyé un message de condoléances à toutes les familles de victimes. Il a ensuite déclaré : « on ne voit nulle part et surtout à l’époque que nous vivons que des hommes doivent être tués pour des demandes formulables en termes démocratiques. On ne peut pas dire d’un côté que l’on ne vise que des aspirations démocratiques et de l’autre assassiner des soldats. Ce n’est tout simplement pas défendable. Ceux qui aspirent à la démocratie se doivent en tout premier lieu d’être eux-mêmes des démocrates. Notre souhait c’est de ne plus revoir ce que l’on a vu pendant les années 90. Nous nous rendons bien compte depuis des années que la violence ne sert à rien du tout. »
L’inquiétude est à son comble
Le président de la Fédération des Industriels et des Hommes d’affaire de la région du Sud-Est turc, Seyhmus Akbas, a quant à lui déclaré que les derniers événements avaient été cause d’une grande inquiétude dans le monde des affaires. « A un moment où des développements économiques tout ce qu’il y a de plus sérieux sont en cours dans la région, où les milieux d’affaire de Turquie commencent à s’intéresser sérieusement à cette zone, ce regain de violence suscite une vive inquiétude chez la plupart de nos membres. Il nous faut absolument mettre un terme à cette lutte fratricide. En tant que patrons et responsables des milieux d’affaire, nous nous adressons à tous. Unissons-nous pour mettre un terme à cette tragédie. »
Mehmet Kaya, le président de la Chambre de Commerce et d’industrie de Diyarbakir a déclaré condamner de manière absolue les derniers événements. Envoyant ses condoléances aux familles des victimes, il a précisé que dans la région on ne souhaitait plus voir se reproduire de tels actes. « Non seulement dans la région, mais dans le pays tout entier, la violence ne doit devenir le moyen de quelque revendication que ce soit. La violence ne fait que porter atteinte aux populations. Nous avons la conviction que la violence est une voie qui appartient désormais au passé. La violence, c’est un terrorisme. Il faut y renoncer. »
Que la violence prenne fin sur le champ
Le président de l’Ordre des Médecins de Diyarbakir, M. Avcikiran, a précisé que le regain actuel de violence dans la région était une sérieuse cause d’inquiétude. « Ce genre d’événements violents doit absolument quitter notre quotidien. Il est désormais évident qu’avec la violence, nous n’arriverons à rien. On ne peut envisager de solution qui ne passe pas par un dialogue pacifique. Nous sommes en train de nous demander si les événements actuels ne sont pas en train de nous ramener au plus noir des années 90. Notre souhait c’est que cette violence cesse au plus vite. »
Source : Radikal, le 10-10-2007