La Banque centrale de Turquie a maintenu ses prévisions d’inflation inchangées dans son dernier rapport sur l’inflation, ajoutant que le resserrement des conditions financières soutiendrait davantage la normalisation en cours de la demande.
La banque centrale turque maintient ses prévisions dans un contexte d’optimisme prudent sur l’inflation
Le gouverneur Français de la CBT, Fatih Karahan, a tenu une réunion pour présenter le troisième rapport d’inflation de l’année et a partagé des prévisions qui fonctionnent comme des objectifs intermédiaires dans le processus de désinflation. La banque centrale a maintenu ses prévisions d’inflation à 38 %, 14 % et 9 % pour cette année, 2025 et 2026 respectivement.
Selon le rapport, cette année, l’impact d’une tendance d’inflation sous-jacente légèrement plus élevée (+0,2ppt) et d’une révision marginale à la hausse de l’écart de production (+0,2ppt) a été compensé par des révisions à la baisse des prix administrés (-0,3ppt) et des prix d’importation en TL (-0,1ppt).
À l’approche de la fin de l’année, la fourchette de prévision correspondant à 2024 aurait dû se réduire automatiquement, mais la banque l’a maintenue entre 34% et 42%, invoquant « les incertitudes croissantes liées aux récents développements géopolitiques et à la volatilité financière mondiale ». Le gouverneur Karahan et le vice-gouverneur Cevdet Akcay ont également souligné que la fourchette de prévision de la banque devrait être prise en considération, plutôt que de se concentrer uniquement sur les prévisions ponctuelles dans l’évaluation de la performance (l’enquête actuelle auprès des acteurs du marché indique 43%, légèrement au-dessus de la bande supérieure de la fourchette de prévision à 42%). La bande pour l’année prochaine – entre 7% et 21% - est aussi restée inchangée.
Dans ce contexte, le gouverneur de la banque centrale a réitéré les orientations politiques fermes observées lors des dernières réunions du Comité de politique monétaire, notamment a) la poursuite de la politique de resserrement, c’est-à-dire la possibilité de nouvelles hausses si les perspectives d’inflation l’exigent, et b) l’engagement de maintenir les taux à un niveau élevé plus longtemps jusqu’à ce que la tendance sous-jacente de l’inflation mensuelle diminue de manière significative et durable et que les attentes d’inflation convergente vers la fourchette de prévision de la CBT. Concernant les autres questions abordées lors de la réunion :
La CBT a récemment commencé à publier les attentes d’inflation des ménages et des entreprises. Celles-ci ont réduit au cours des derniers mois, mais restent nettement plus élevées que celles des acteurs du marché. La banque suit des mesures générales plutôt que de se concentrer uniquement sur les attentes des acteurs du marché, car les entreprises élaborent leurs stratégies en fonction de leurs attentes en matière d’inflation, tandis que les attentes des consommateurs jouent un rôle important dans les décisions de consommation, d’épargne et de portefeuille. Akcay a souligné que les attentes relativement plus élevées du secteur réel sont attribuables à l’impact des évolutions de l’inflation dans le passé et devraient probablement s’améliorer dans la période à venir. L’ampleur et le rythme de l’amélioration plutôt que les niveaux par rapport à la fourchette de prévisions de la CBT auraient sûrement un impact sur les décisions de la banque centrale à l’avenir.
La CBT prévoit un ralentissement de la demande intérieure au deuxième trimestre, même si elle devrait rester à un niveau inflationniste et réduire l’écart de production. Cette tendance se poursuivra au troisième trimestre, comme le suggèrent plusieurs indicateurs précoces. Le rééquilibrage de la demande intérieure restera en place grâce à un cadre politique strict. L’écart de production glissera en territoire négatif au deuxième semestre de cette année et contribuera au processus de désinflation. En donnant la priorité à l’inflation plutôt qu’à la croissance du PIB, le gouverneur a réitéré le mandat de la banque en matière de stabilité des prix et a laissé entendre qu’elle pourrait tolérer une nouvelle faiblesse de l’activité économique.
Selon le gouverneur, la CBT peut maintenir une politique monétaire stricte tout en réduisant le taux directeur. Cela implique que la banque centrale restera prudente et que le calendrier des baisses sera progressif et dépendra également des données. Étant donné que la monnaie relativement stable et la normalisation de la demande intérieure devraient soutenir une baisse de la tendance inflationniste sous-jacente pour le reste de cette année, nous voyons une marge de manœuvre pour réduire le taux en novembre ou en décembre, en fonction des données.
En ce qui concerne la tendance sous-jacente, la CBT a réitéré son attente d’une baisse de l’inflation mensuelle corrigée des variations saisonnières à environ 2,5% en moyenne au troisième trimestre, légèrement en dessous de 1,5% au dernier trimestre de l’année. TurkStat et la CBT travaillent actuellement ensemble pour générer des chiffres corrigés des variations saisonnières suivis par la banque. Interrogé, le gouverneur a exprimé sa confiance dans TurkStat et a ajouté que les données d’inflation sont globalement conformes à ce qu’impliquent les prix mensuels collectés par la banque.
Enfin, le gouverneur a ajouté que les récentes hausses de 38% des prix de l’électricité et du gaz naturel (conformément aux prévisions d’inflation de la CBT) illustrent la coordination des politiques monétaires et budgétaires qui continueront de contribuer à ce processus de désinflation.
Dans l’ensemble, la CBT a maintenu ses prévisions d’inflation et ses orientations politiques inchangées et s’est montrée prudemment optimiste quant aux perspectives d’inflation. Elle s’attend à ce qu’une orientation décisive de la politique monétaire soutienne la tendance à la baisse de l’inflation sous-jacente mensuelle avec a) le rééquilibrage de la demande intérieure, b) l’appréciation réelle de la monnaie et c) une amélioration continue des attentes en matière d’inflation.