L’opposition turque accuse l’AKP d’avoir un plan secret
Pour le chef de file de l’opposition turque, le parti de la Justice et du Développement (AKP) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s’est doté un plan secret pour monopoliser le pouvoir après les élections législatives du 12 juin.
« Nous pensons que l’AKP a un plan secret », affirme Kemal Kiliçdaroglu, du Parti républicain du peuple (CHP), dans une interview accordée à l’agence Reuters.
« L’AKP a créé ses propres médias partisans, ses propres groupes d’investissement et sa propre justice », a-t-il ajouté.
Succès du parti d’Erdogan
Il s’en prend également à la politique étrangère de l’AKP, dénonçant son bilan tant sur le plan de la candidature européenne de la Turquie que sur sa politique au Moyen-Orient, qu’il juge à l’origine de tensions avec les Occidentaux.
« Ce que j’ai observé dans le domaine de la politique étrangère, c’est que la Turquie a très fortement perdu de son pouvoir sur la scène internationale », dit-il.
Mais la tâche qui attend Kiliçdaroglu, qui dirige le CHP depuis un an, est colossale : Erdogan est installé depuis près d’une décennie à la tête du gouvernement turc ; sous son autorité, le pays a connu un essor économique et une stabilité politique sans grand précédent dans son histoire moderne.
Les sondages profilent du reste un nouveau succès pour l’AKP. Le parti au pouvoir, dont les racines plongent dans l’islam politique, est crédité de 45 à 50% des intentions de vote, reléguant à une vingtaine de points le CHP.
En un an, Kemal Kiliçdaroglu a tenté de moderniser sa formation politique, héritière du parti de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne en 1923, ancrée sur les grands thèmes du kémalisme, dont la laïcité, le nationalisme et l’étatisme.
Intentions de vote faibles
Mais certains observateurs jugent que le CHP, rejeté dans l’opposition depuis des dizaines d’années, est handicapé par ses références à une idéologie vieillissante qui ne trouve plus d’écho dans la Turquie d’aujourd’hui.
Kiliçdaroglu affirme diriger un parti aux bases théoriques renouvelées, où le respect des droits de l’homme et des libertés est l’égal de la défense de la laïcité.
« Nous voulons faire nôtre la civilisation moderne, faire nôtres la liberté et la démocratie en conformité avec les normes occidentales », dit celui que l’on surnomme « Kemal Gandhi » en raison d’une ressemblance physique avec le père de l’indépendance indienne.
A le suivre en campagne électorale, Kiliçdaroglu touche les foules. Mais les intentions de vote ne suivent pas.
Né en 1948 dans la province montagneuse de Tunceli (est), le leader du CHP est issu de la fonction publique. Il a travaillé au ministère des Finances et dans les organismes de la Sécurité sociale avant d’être élu au Parlement en 2002.
Reuters