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par Laurent Leylekian le 9 avril 2010


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L’Arménie ne tient pas ses engagement et bloque le processus de normalisation avec la Turquie

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 251
L'Arménie ne tient pas ses engagement et bloque le processus de normalisation avec la Turquie

Selon le site anti-turc "France-Arménie", l’Arménie ne tiendrait pas sa promesse de créer une commission d’historien pour trancher sur les évènements historique de 1915 [1]. Les deux pays ont signé le Protocoles à Zurich (Suisse) le 10 octobre 2009 en présence de différent ministre des Affaires étrangères.

Dans une interview récemment donnée à Spiegel, le Président arménien revient aux fondamentaux de la politique de son pays dont la reconnaissance internationale et inconditionnelle du "génocide" et l’"autodétermination" du Haut-Karabakh.

Il est étonnant de constater que l’Arménie passe à côté d’une telle occasion d’imposer définitivement sa version des événements de 1915. Chercherait-elle à maintenir la frontières entre les deux pays fermée (depuis 1990 suite à l’invasion du Haut-Karabakh par les troupes arméniennes [2] soit ré-ouverte afin de mettre fin au blocus économique ?

Je vous soumets l’interview donnée à Serge Sarkissian pour le journal allemand "Der Spiegel"

Spiegel : Monsieur le Président, en 2008, vous avez assisté à un match de football avec votre homologue turc entre vos deux pays. Cela a fait sensation en son temps. Regrettez-vous d’avoir ainsi invité le président de la Turquie dans votre capitale ?

S. Sarkissian : Non. Je suis convaincu que Turcs et Arméniens n’ont pas d’autre alternative que de coopérer. Nous voulons briser des siècles d’hostilité. Il était clair pour moi dès le départ que ce ne serait pas un processus facile.

Spiegel : Le Premier Ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé à Spiegel, à propos des Arméniens tués par les troupes ottomanes durant la Première Guerre Mondiale« On ne peut pas parler de Génocide contre les Arméniens ». Pourquoi votre voisin a de telles difficultés avec sa propre histoire ?

S. Sarkissian : M. Erdogan a aussi dit que les Turcs ne sont pas capables de commettre un génocide et que l’histoire turque est « aussi propre et clair que le soleil ». La Turquie résiste à l’idée de classer ce massacre comme un génocide. Mais peu importe combien forte peut être la résistance turque, c’est une question sur laquelle il n’appartient pas à Ankara de décider.

Spiegel : Maintenant, Erdogan menace même d’expulser des milliers d’Arméniens vivant illégalement en Turquie.

S. Sarkissian : Pour mon peuple, de tels commentaires inacceptables évoque les souvenirs du Génocide. Malheureusement, ces commentaires ne me surprennent pas, venant de la bouche d’un homme politique turc. Nous n’avons pas besoin de regarder bien loin dans le passé pour trouver des déclarations comparables. Des voix similaires se sont faites entendre en 1988 dans ce qui aujourd’hui l’Azerbaïdjan. Des dizaines d’Arméniens sont morts durant les pogroms qui en ont résulté dans les villes azerbaïdjanaises de Bakou et de Soumgaït.

Spiegel : Comment la communauté internationale doit-elle réagir sur cette question ?

S. Sarkissian : Le monde doit réagir de manière décisive. L’Amérique, l’Europe - l’Allemagne aussi - tous les pays qui ont été impliqué dans le rapprochement arméno-turc devraient prendre des positions officielles. Si tous les pays avaient déjà reconnu le Génocide, la Turquie n’aurait pas fait ce type de déclaration. Ce qui donne espoir est que beaucoup de jeunes gens en Turquie également protestent contre ce type de déclamation. Il y a là-bas une nouvelle génération qui grandit et la classe dirigeante devra prendre en compte son opinion.

Spiegel : La Turquie vous accuse également de bloquer le processus - Ankara dit que vous empêchez la formation d’une commission historique conjointe. Pourquoi êtes-vous contre cette idée ? (sic !)

S. Sarkissian : Comment une telle commission pourrait-elle travailler objectivement quand dans le même temps, quiconque utilise le terme de « génocide » en Turquie est persécuté et puni ? Ankara essaie seulement de retarder les décisions. Quand un parlement ou un gouvernement étranger approchera la Turquie avec la requête de reconnaître le Génocide, la réponse serait « attendez les résultats de la commission ». Créer une telle commission reviendrait à remettre en question la réalité du Génocide contre notre peuple. Nous ne sommes pas prêts à ça. Une commission ferait sens si la Turquie admettait sa responsabilité. Alors les historiens pourront travailler ensemble pour révéler les causes qui ont mené à cette tragédie.

Spiegel : Le Génocide a eu lieu il y a 95 ans. Pourquoi sa reconnaissance est-elle importante pour l’Arménie aujourd’hui ?

S. Sarkissian : C’est une question de justice historique et aussi relative à notre sécurité nationale. La meilleure manière de prévenir la répétition d’une telle atrocité est de la condamner clairement.

Spiegel : Vous pouvez voir le Mont Ararat, le symbole national de l’Arménie de la fenêtre de votre résidence. Aujourd’hui, la montagne est inaccessible, de l’autre côté de la frontière turque. La Turquie craint des demandes de terres et de dédommagement. Voulez vous la restitution du Mont Ararat.

S. Sarkissian : Personne ne peut nous enlever le Mont Ararat ; nous le gardons dans notre cœur. N’importe où que les Arméniens vivent aujourd’hui, vous trouverez une image du Mont Ararat dans leurs foyers. Et je suis certain qu’un temps viendra où le Mont Ararat ne sera plus un symbole de la séparation entre nos peuples mais un emblème de la compréhension. Mais laissez-moi clarifier ceci : Aucun représentant de l’Arménie n’a jamais fait de demande territoriale. La Turquie prétend le contraire - peut-être ceci traduit-il sa mauvaise conscience ?

Spiegel : Vos frontières avec la Turquie et l’Azerbaïdjan sont closes, tandis que l’Iran et la Géorgie constituent des voisinages difficiles. N’est-il pas plus important de briser cet isolement plutôt que se battre sans fin avec la Turquie sur la question du Génocide ?

S. Sarkissian : Nous ne lions pas l’ouverture de la frontière à la reconnaissance du Génocide. C’est n’est pas notre faute si le rapprochement échoue. (sic, ca vas être de notre faute !)

Spiegel : La Turquie veut faire dépendre l’ouverture de la frontière des progrès sur la question du Nagorno-Karabakh. L’Arménie a mené une guerre dans cette région qui était revendiquée par l’Azerbaïdjan après la chute de l’Union soviétique mais où la majorité des habitants sont des Arméniens chrétiens.

S. Sarkissian : La Turquie veut des concessions sans fin de notre part. Mais ce n’est pas possible. Le point le plus important est la mise en œuvre du droit de la population du Nagorno-Karabakh à l’autodétermination. A mon avis, si l’Azerbaïdjan reconnaissait l’indépendance du Nagorno-Karabakh, la question pourrait être résolue en quelques heures. Malheureusement, l’Azerbaïdjan semble vouloir résoudre le problème par la force. Les Azéris pensent encore qu’ils peuvent annexer le Nagorno-Karabakh comme partie de l’Azerbaïdjan. Cela signifierait cependant que dans un laps de temps très court, il deviendrait impossible aux Arméniens de rester au Nagorno-Karabakh. Pourquoi les Etats de l’ex-Yougoslavie furent capables d’obtenir l’indépendance ? Le Karabakh devrait-il se voir denier ce droit simplement parce que l’Azerbaïdjan dispose de matières premières comme le pétrole et le gaz naturel et parce qu’il a la Turquie comme parrain ? Nous ne pensons pas que ce soit juste.

Spiegel : L’Arménie serait-elle d’accord pour une autonomie étendue du Nagorno-Karabakh au sein de l’Azerbaïdjan comme c’était le cas sous l’Union soviétique ?

S. Sarkissian : bien sûr que non. Restituer le Karabakh à l’Azerbaïdjan siginfierait l’expulsion à court terme de sa population arménienne. Le Nagorno-Karabakh n’a jamais fait partie de l’Azerbaïdjan indépendant. La région n’a pas été associée à l’Azerbaïdjan jusqu’à une décision de 1923 du Bureau Caucasien du Parti communiste, sous la pression de Staline. Si le Karabakh devait devenir partie intégrante de l’Azerbaïdjan, il faudrait alors aussi restaurer l’Union soviétique. Je ne crois pas que qui que ce soit de sérieux le souhaite.

Interview original mené par Benjamin Bidder à Erevan (Arménie). Traduction allemande originale de Ella Ornstein

Lien/Source : France-Arménie


[1Les événements de 1914-1922

Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.

La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.

[2Haut-Karabagh

Le Haut-Karabagh est une région d’Azerbaïdjan occupée par l’armée arménienne depuis le début des années 1990. L’invasion arménienne s’est soldée par de violents massacres de civils azéris. Par la suite, l’Arménie a appliqué une politique de purification ethnique en déportant la totalité des survivants azéris de leurs terres.

Aujourd’hui, plus d’un million de réfugiés azerbaïdjanais vivent dans des conditions précaires en attendant de pouvoir éventuellement récupérer leur biens spoliés par l’Etat arménien.

Les terres et maison laissées à l’abandon ont été "offertes" par l’Etat arménien aux colons installés pour peupler les territoires occupés par l’Arménie.

A plusieurs reprise, les instances internationales ont condamné ce "génocide" et enjoint l’Arménie de libérer les territoires qu’elle occupe illégalement.

Les organisations nationalistes arméniennes nient les massacres et la déportation d’environ un million d’Azéris et profitent de leurs nombreuses officines implantées dans les pays d’Europe ou d’Amérique pour faire pression sur les instances nationales et internationales afin de bloquer la résolution du conflit.

A l’origine peuplé de 150 000 habitants entre Arménie et Azerbaïdjan, le Haut Karabakh ne comprend aujourd’hui plus que des colons arméniens. 30.000 d’Azerbaïdjanais ont été massacrés, deux millions d’entre eux ont été déportés du HK et des sept régions d’Azerbaïdjan attenantes, prises par les nationalistes arméniens.

Voir également :
 Imprescriptible, base documentaire sur le génocide du peuple azéri
 Génocide Azéri, liens sur le génocide azéri

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