Istanbul : les séismes annoncés par des bulles de gaz en mer ?

Une équipe de chercheurs franco-turque a annoncé mardi avoir découvert au fond de la mer de Marmara, au nord-ouest de la Turquie, deux points d’écoulement de gaz naturel dont l’examen pourrait, selon eux, permettre d’anticiper les séismes qui menacent Istanbul et ses 15 millions d’habitants.

Du 4 novembre au 14 décembre, le Suroît, un navire océanographique de l’Institut français pour l’exploitation de la mer (Ifremer), a observé les fonds de la mer de Marmara avec son sonar BOB (Bubbles OBservatory module), dont la mission consistait à observer les bulles de gaz qui s’échappent de la faille sismique nord-anatolienne.

« Nous nous sommes aperçus que le bassin (gazier) de Thrace fuit de manière permanente en deux points (de la faille), un au sud d’Istanbul et l’autre plus à l’ouest », a affirmé lors d’une conférence de presse le géophysicien Louis Géli (Ifremer).

« Un séisme est un processus qui entraîne des changements au niveau de la perméabilité et de la porosité des roches. (...) Il en résulte des évolutions physiques et chimiques des fluides circulant dans les failles », a complété le sismologue Naci Görur, de l’Université technique d’Istanbul.

« A travers l’installation d’observatoires pour suivre les modifications des fluides remontant du fond des failles, il sera peut-être possible de déceler les signes avant-coureurs du séisme », a-t-il ajouté.

Rappelant qu’une rupture prochaine de la faille nord-anatolienne sur le segment proche d’Istanbul était attendue par les experts, M. Géli a appelé les autorités turques à investir dans l’installation de deux observatoires sous-marins et la création d’un centre de recherches sous-marin, un projet qu’il a chiffré à cinq à huit millions d’euros.

Un séisme a frappé en 1999 la région d’Izmit, à l’extrémité est de la mer de Marmara, faisant au moins 20 000 morts.

Source "AFP d’Istanbul"