19 avril 2024

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France

Génocide arménien : les historiens ne veulent pas de loi

Publié le | par TN-pige | Nombre de visite 130

Alors que l’Assemblée nationale examine jeudi la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien, la plupart des chercheurs s’opposent à cette « ingérence » du législateur dans l’Histoire.

« Ce n’est pas aux politiques d’écrire l’histoire ! » Comme la plupart des historiens, Pierre Nora ne pas voit pas d’un bon œil la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien, qui est examinée jeudi à l’Assemblée nationale.

Présenté par une députée du parti présidentiel, le texte prévoit un an de prison et 45.000 euros d’amende en cas de négation d’un génocide reconnu par la loi française. Les parlementaires de droite et de gauche ont annoncé qu’ils voteraient en sa faveur. Le texte est la suite logique de la loi votée en 2001 reconnaissant l’existence d’un génocide des Arméniens entre 1915 et 1917.

Pour les historiens, le fait de voter une loi en France sur une question qui ne concerne pas l’histoire nationale est problématique : « Va-t-on faire une loi pour tous les crimes du monde ? Pour ceux commis par les communistes en Russie ou pour le génocide des Indiens en Amérique ? », s’interroge l’historien Gilles Manceron, qui soupçonne que la question ait surtout été soulevée à des fins politiques : « D’une part les hommes politiques de droite comme de gauche peuvent soutenir ce projet pour des raisons électoralistes, afin de s’attirer les voix de la communauté arménienne, d’autre part, l’Elysée peut s’en servir pour faire pression sur la Turquie et pour justifier sa réticence à l’intégrer dans l’UE ». La porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse a de son côté assuré qu’il ne fallait pas y voir « une attaque contre la Turquie ».

Pour Gilles Manceron, toutes les lois mémorielles ne sont pas pour autant infondées. La loi Gayssot de 1990 pénalisant la négation du génocide juif est selon lui justifiée en France où « l’antisémitisme est un phénomène qui a des racines plongeant loin et qui peut encore resurgir » et où « il y a une vigilance particulière à avoir ». En revanche, « il n’existe pas de problème de racisme anti-arménien en France, il n’y a donc pas besoin de faire des lois pour protéger la sécurité des Arméniens », estime-t-il.

L’Histoire doit rester « une source de débat »

D’autres historiens sont plus radicaux dans leur rejet total de toutes les lois mémorielles. « Le politique doit s’occuper du passé mais il lui incombe d’orienter la mémoire collective par des commémorations, des résolutions, des hommages, des réparations financières éventuelles, il ne lui revient pas de faire des lois qui figent complètement l’histoire, qui doit être laissée aux historiens », affirme Pierre Nora. « Nous sommes contre l’histoire officielle et nous estimons qu’il ne doit pas y avoir d’entrave au travail de l’historien. Or, dès l’instant qu’il y a une loi, il y a des risques de poursuite. L’histoire est avant tout une source de débat et doit le rester dans une démocratie », renchérit l’historien Christian Delporte.

Leur combat n’est pas nouveau. Dès 1990, la loi Gayssot avait suscité de fortes réactions parmi les chercheurs. Pierre Vidal-Naquet avait exhorté le pouvoir à ne pas chercher à établir une vérité officielle. En 2006, 19 historiens signent une pétition demandant l’abrogation de la loi Gayssot, de la loi reconnaissant le génocide arménien, de la loi Taubira reconnaissant la traite et l’esclavage en tant que crime contre l’humanité et enfin de la loi sur l’intégration dans les programmes scolaires du rôle positif de la colonisation française. Les signataires y rappellent certains principes fondamentaux, parmi lesquels : « L’histoire n’est pas la morale. L’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique ». « L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité. L’historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains », ou encore « L’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique ».

Source: http://www.lefigaro.fr/politique/2011/12/21/01002-20111221ARTFIG00552-genocide-armenien-les-historiens-critiquent-la-loi.php


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