100e anniverssaire de la république de Turquie

Cet article de Gülse Birsel, traduit par Özcan Türk, explore les principes et réformes de Mustafa Kemal Atatürk, père de la Turquie moderne, et vise à éclairer ceux qui redécouvrent aujourd’hui l’héritage et la pensée de ce leader emblématique. Dans ce "tutoriel", Birsel rappelle les idéaux d’Atatürk, notamment la liberté de conscience, l’égalité des sexes, l’importance de la justice, et la place centrale de l’art et de la science pour le progrès.

Atatürk a consacré sa vie à faire de la Turquie une république laïque, tournée vers l’éducation et l’indépendance, et a promulgué des réformes sociales et juridiques pour moderniser la société turque. Parmi celles-ci, l’éducation obligatoire et l’égalité pour les femmes sont marquantes : il a accordé aux femmes turques le droit de vote avant leurs homologues françaises.

Birsel illustre ces idées à travers des citations inspirantes et les commente pour clarifier leur pertinence dans le contexte turc contemporain. Elle insiste sur la nécessité de dépasser les formes d’obéissance aveugle, de travailler pour le bien commun, et de privilégier la justice et la civilisation au fanatisme et à l’ignorance. Par ses réformes, Atatürk a voulu libérer l’esprit des nouvelles générations pour qu’elles embrassent pleinement la modernité.

L’article invite les lecteurs à comprendre Atatürk non pas seulement comme une figure historique mais comme un guide dont les idées sont toujours vivantes dans la Turquie d’aujourd’hui.


Actualité

Gülse Birsel et réformes de Mustafa Kemal Atatürk

Publié le | par Engin | Nombre de visite 226
Gülse Birsel et réformes de Mustafa Kemal Atatürk

TUTORIEL POUR MIEUX COMPRENDRE ATATÜRK

Turquie News remet en ligne cette traduction d’Özcan Türk concernant Mustafa Kemal Atatürk de Birse Gürsel, une chroniqueuse qui ne fait plus partie du quotidien de Hürriyet mais son article toujours d’actualité

Aujourd’hui, samedi 10 novembre 2024, les Turcs vont rendre hommage à Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque à l’occasion de la 79è année de sa disparition.

Ils respecteront une minute de silence à 9h05, heure à laquelle il nous a quittés.

Ces dernières années, de nombreuses personnes issues des milieux réactionnaires religieux, habituées à vitupérer Atatürk, se sont mises à le louer.

Gülse Birsel, chroniqueuse au quotidien Hürriyet, a préparé un tutoriel afin d’accompagner les nouveaux convertis à la pensée d’Atatürk pour qu’ils comprennent mieux Atatürk et l’esprit de ses réformes.

Celles-ci ont permis à la Turquie de faire un bond en avant d’une ampleur spectaculaire en l’espace d’un peu plus d’une décennie ! Grâce à Atatürk, par exemple, la femme turque a obtenu le droit de vote et d’éligibilité 10 ans avant sa consœur française.

Je vous propose ci-dessous une traduction de l’article de la journaliste Gülse Birsel paru dans l’édition du 1er novembre 2017 de Hürriyet.

Atat

TRADUCTION

La vie est pleine de surprises ! Qui n’avons-nous pas vu ces dernières années se rapprocher d’Atatürk alors qu’au mieux ils le méprisaient ? D’étranges types, des personnages de tristes comédies, de pauvre hères, des misérables, des ingrats…

Parmi ceux-là, il y a ceux qui souhaitaient prendre leur distance avec les réformes d’Atatürk, il y a ceux qui n’osaient même pas prononcer le nom d’Atatürk, il y a ceux qui déformaient l’histoire, il y a ceux qui agissaient comme si Atatürk n’avait jamais existé, il y a ceux qui le diffamaient, il y a ceux qui jetaient lâchement l’opprobre sur sa famille, il y a ceux qui le calomniaient et même ceux qui l’insultaient honteusement,

Nous étions en colère naturellement mais il était évident que le peuple turc ne les accepterait jamais, qu’ils ne pourraient jamais trouver refuge au sein de la République turque, qu’ils tomberaient de Charybde en Scylla, qu’ils seraient pathétiques et feraient pitié.

Que s’est-il passé ?

Atatürk trône fièrement dans nos cœurs. Partout, dans les rues, les avenues, les places publiques, les bars, les écoles, les concerts, les théâtres, les cérémonies, les indomptables réseaux sociaux, partout Atatürk ne cesse de s’élever, d’être admiré, sa voix ne cesse de conquérir les cœurs et les esprits.

Le sujet est parfaitement clair pour la population, et il l’a toujours été. Pourtant, il y a certaines personnes parmi lesquelles on trouve des personnalités, des journalistes et des leaders d’opinion qui semblent « découvrir » Atatürk.

Je remarque également que même le monde politique se réfère plus souvent à Atatürk. Mais que se passe-t-il donc ? Est-ce un rêve mon Allah ? En tous cas, voilà une heureuse évolution dont il faut se féliciter.

Bien évidemment, il ne suffit pas de prononcer le mot Atatürk pour comprendre la pensée d’Atatürk.

D’ailleurs, le fondateur de notre République n’a-t-il pas dit : « Me voir, ce n’est pas voir mon visage. Il suffit de comprendre et de ressentir mes idées et l’esprit de mes reformes. Et là, vous me verrez. »

Afin d’aider ces néophytes, j’ai préparé un petit tutoriel pour mieux comprendre Atatürk. Ainsi, j’aurais, moi aussi, mis mon grain de sel, les petits ruisseaux faisant les grandes rivières J’ai donc repris ses principales citations en y ajoutant ma modeste contribution sous forme de commentaires et explications.

***« Mesdames et messieurs les enseignants, la République attend de vous que vous formiez des générations dont l’esprit est libre, la conscience est libre et la volonté est libre. »

Atatürk s’oppose ici au par cœur et à l’endoctrinement. Il s’érige contre ceux qui ne s’interrogent pas, contre ceux qui se soumettent, contre ceux qui se résignent, contre ceux qui acceptent la pression et la domination. A l’inverse, Atatürk exhorte à l’émancipation, à la liberté de conscience et de paroles, il veut des générations qui réfléchissent, qui s’orientent vers la lecture, la recherche, la science, la quête de la connaissance !

***« Nous n’avons besoin de rien d’autres que de travailler ! »***

Le fondateur de la République turque nous rappelle l’importance cruciale du travail. C’est aussi une révolte contre l’apathie, l’indolence, mais aussi contre le favoritisme, le piston, le népotisme. Atatürk fonde la société sur le travail, les qualités, les compétences donc sur le mérite !

***« La société humaine est composée naturellement d’hommes et de femmes. Comment cette société peut-elle évoluer de façon équilibrée si l’une de ses composantes est négligée ? »***

Atatürk était clairement et farouchement attaché à la parité, à l’égalité entre femmes et hommes, aux droits et libertés des femmes, à l’égalité des chances sans distinction aucune. Il conspue ceux qui dénigrent la femme et veulent la ranger dans une case, dans un rôle, dans une mission en prétextant sa nature et son genre.

***« L’indépendance, l’avenir et la liberté n’existent que si la justice existe ! »***

Là, Atatürk nous avertit sur notre indépendance, notre avenir et notre liberté. Il nous met en garde précisant que ces valeurs capitales ne peuvent exister que si la justice existe. Ces valeurs si précieuses sont conditionnées par la mise en place d’une justice solide et efficace à défaut de se réduire comme une peau de chagrin !

***« Si un peuple néglige l’art, si un peuple néglige la peinture, si un peuple néglige la sculpture, si un peuple néglige la science et la technique, comment ce peuple peut-il s’inscrire dans le progrès ? Il ne le peut pas. »***

Ici, Mustafa Kemal Atatürk nous donne la direction à suivre pour élever nos enfants et préparer l’avenir du pays. Il indique que la seule voie pour les nouvelles générations doit être balisée par la science, la technologie et l’art. Autrement, nous sommes voués à régresser.

***« Mes amis, mesdames, messieurs, mon cher peuple ! La République turque ne peut pas être le pays des cheiks, des derviches, des confréries et des couvents. Comme ordre, il n’y en a qu’un seul de vrai et de raisonnable, celui de la civilisation. »***

Je pense que là, c’est suffisamment limpide, tout est dit !

Je ne peux que suggérer l’idéologie d’Atatürk à tous. Adhérer à la pensée d’Atatürk, c’est devenir serein, c’est se sentir libre, c’est avoir l’esprit éveillé et éclairé. Adhérer à la pensée d’Atatürk, c’est se vacciner contre la fainéantise, contre l’indolence, contre le fanatisme, contre tous les faux dévots, les bigots, les cheiks et derviches qui trompent, contre ceux qui instrumentalisent la religion pour endoctriner, pour manipuler et pour asservir.

Insistez pour obtenir cet antidote, il sauvera votre vie !

Gülse Birsel
1er novembre 2017

©Traduit du turc par Özcan Türk


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