Après des décennies d’hostilité mutuelle, la Turquie et l’Arménie envisagent timidement de normaliser leurs relations. Ankara a nommé ce mercredi 15 décembre un émissaire pour l’Arménie, tandis qu’Erevan a confirmé la nomination prochaine d’un « représentant spécial pour le dialogue » avec la Turquie. Les deux pays n’ont jamais établi de relations diplomatiques et leur frontière est fermée depuis le début des années 1990.
Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer pour RFi
Du point de vue d’Ankara, la victoire de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh à l’automne 2020 a levé un obstacle majeur à un rapprochement avec l’Arménie. Si la frontière turco-arménienne est fermée depuis 1993, c’est en effet parce que la Turquie avait signifié par cette décision son soutien à l’Azerbaïdjan qui avait perdu, à l’époque, une première guerre dans la région au profit de l’Arménie. Depuis, Bakou faisait pression pour faire échouer tout rapprochement, y compris un premier accord de normalisation conclu en 2009.
Priorité au dialogue
Mais depuis que l’Azerbaïdjan a récupéré l’an dernier les territoires disputés, la donne a changé. Un mois après la fin du conflit, le président turc Recep Tayyip Erdogan a évoqué une possible réouverture de la frontière avec l’Arménie. Les deux voisins n’en sont pas encore là – il n’est question pour l’instant que d’entamer un dialogue direct via des émissaires. Le ministre turc des Affaires étrangères a aussi annoncé l’ouverture de vols charter entre Istanbul et la capitale arménienne, Erevan.
L’Arménie se dit prête à normaliser les relations « sans conditions préalables ».