Turquie : Erdogan nie toute attaque contre la liberté de la presse
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s’est défendu mardi de toute volonté de museler la presse, alors que plusieurs journalistes ont été inculpés et certains incarcérés dans le cadre d’un complot présumé contre le régime, provoquant des réactions en Turquie et à l’étranger.
"Je considère comme une insulte à mon gouvernement les accusations selon lesquelles nous tenterions de bâillonner la presse", a-t-il affirmé devant le groupe parlementaire de son Parti de la justice et du justice (AKP, issu de la mouvance islamiste).
"Les inculpations de journalistes n’ont rien à voir avec le gouvernement. C’est une décision de justice", a déclaré M. Erdogan, qui a accusé l’opposition et une partie de la presse de mener une campagne de dénigrement à l’encontre de son parti avant les élections législatives du 12 juin, où il brigue un troisième mandat.
Six journalistes, dont certains très connus, et un universitaire, sont actuellement en détention provisoire, soupçonnés dans le dernier épisode d’une enquête sur un complot présumé contre le gouvernement.
M. Erdogan a affirmé que la presse était aujourd’hui plus libre qu’avant l’arrivée au pouvoir de l’AKP, en 2002. "L’exercice de la profession est plus libre (...) Il n’y a plus de sujets tabous", a-t-il défendu, exhortant les médias à laisser la justice "faire son travail".
Selon les organisations professionnelles, les dernières inculpations portent à 67 le nombre de journalistes actuellement en prison en Turquie.
M. Erdogan porte régulièrement plainte contre des journalistes, des caricaturistes ou leurs employeurs, lorsqu’il estime que la critique tourne à l’insulte.
L’arrestation des journalistes a donné lieu à plusieurs manifestations de protestation, à Istanbul et Ankara.
L’Union européenne, les Etats-Unis et les organisations internationales ont fait part de leur préoccupation quant à la liberté d’opinion en Turquie.
Le président Abdullah Gül s’est pour sa part dit "inquiet" dimanche de ces développements, qui, selon lui, ternissent l’image de son pays.
Depuis le lancement de l’enquête sur le réseau putschiste Ergenekon, en 2007, des centaines de personnes, dont des journalistes et des militaires, ont été écrouées.
Source : AFP