15 avril 2024

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Mehmet Yilmaz, dans le bar du centre culturel turc de Quimper. Un bâtiment situé route de Douarnenez et acquis en 2003, que l’association souhaite rénover et ouvrir davantage au public.


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Mehmet Yilmaz tend la main à tous les Quimpérois

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 287
Mehmet Yilmaz tend la main à tous les Quimpérois

Vous êtes le nouveau président de l’association culturelle turque de Quimper. Pouvez-vous vous présenter et présenter l’association ?

Je suis arrivé en France à l’âge de 4 ans. J’en ai aujourd’hui 26 avec la double nationalité. Scolarité classique à Quimper, puis fac de droit. Je suis maintenant juriste auprès des entreprises. De quoi s’occupe notre association ? Nous avons pas mal de missions. La première : promouvoir la culture turque. Chaque année, nous organisons une fête des enfants à laquelle sont invités tous les Quimpérois. Enfin, nous avons un rôle de représentation de la communauté auprès des institutions pour défendre les intérêts des Français issus de l’immigration.

Vous arrivez avec plein de projets, notamment, ce qui semble inédit, celui d’attribuer le poste de première vice-présidente à une femme...

Je comprends le caractère « inédit ». Quand on regarde l’actualité musulmane, on a l’impression que la femme est toujours en arrière. Ce n’est pas ma conception. Pour moi, l’Islam a toujours mis les femmes en avant. Est-ce moderne ? Je ne suis pas là pour installer la modernité. Mais pour travailler dans la continuité de ce qu’ont mis en place nos parents. D’ailleurs, je remercie les anciens, qui font vivre l’association depuis trente ans.

Autre projet : rendre la communauté turque plus visible à Quimper, avec l’organisation de conférences, la mise en place d’un groupe franco-turc, une participation plus active à la vie locale...

Oui, j’estime que nous devons affirmer notre citoyenneté. Parce que nous sommes Français. Je veux mettre en place les bases pour favoriser au maximum une intégration réussie. Il y a des problèmes. La langue est parfois un handicap. Je ne peux pas concevoir qu’on puisse vivre en France sans parler la langue. Notre volonté est d’avoir une communauté bilingue.

Vous souhaitez aussi poursuivre la rénovation du centre culturel turc, situé route de Douarnenez...

Oui. Ce bâtiment, l’ancienne biscuiterie Panier, a été acheté en 2003. Il contient un bar (sans alcool), une petite épicerie, une bibliothèque, un centre de prières, une salle informatique avec accès libre à Internet, et deux logements : un pour un professeur de langue turque qui enseigne aux enfants et un autre pour notre imam (tous les deux sont envoyés et rémunérés par le gouvernement turc). Tout le monde y est le bienvenu, même si, c’est vrai, on y voit rarement les Quimpérois.

Que pensez-vous du débat sur l’identité nationale ?

J’ai participé à celui organisé par la préfecture. Sur le principe, je ne suis pas contre. C’est positif de se poser la question de qui on est, quelles sont nos valeurs... Mais je constate des dérapages et je trouve que certaines personnes qui souhaitent définir l’identité nationale le font mal. Car on doit décrire ce qu’on est, pas ce qu’on n’est pas. La France compte à peu près cinq millions de personnes issues de l’immigration. Ils travaillent, payent des impôts.... Nous partageons tous les mêmes craintes, les mêmes projets : fonder une famille, avoir un logement, un travail... Alors si le débat sur l’identité nationale doit se résumer par une stigmatisation, ça pose problème.

Un mot sur le voile ?

Le voile ou la burka ? Ce n’est pas la même chose. La burka nous préoccupe aussi. Rien dans les textes de l’Islam ne dit que c’est obligatoire. Malheureusement une minorité affirme le contraire. De là, à faire une loi... Quelles seront les conséquences ? L’enfermement des femmes portant des burkas dans les maisons. Je penche plutôt pour faire de la pédagogie avec un travail entre les institutions et les grands oubliés de ce débat, les partenaires associatifs. Un exemple ? À Quimper, l’an dernier, une femme a décidé de porter la burka. Il y a eu une pression communautaire pour la critiquer. Et un débat entre les femmes elles-mêmes. Ça s’est soldé par un retour vers un voile classique.

Question inévitable... La Turquie dans l’Europe ?

Notre préoccupation, c’est notre intégration en France, pas l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Après, je sais qu’il y a un débat passionné avec des pour, des contre... Quoi qu’il en soit, il n’y a pas que la position de la France qui compte, mais celle de tous les pays... qui sont « pour » en majorité. Si en France, c’est l’inverse, je pense que c’est dû à une méconnaissance de la culture turque et c’est à nous de la faire connaître.

Recueilli par Yann-Armel HUET pour Ouest-France


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