28 mars 2024

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Malgré les protestations israéliennes, la Syrie dit que la Turquie est indispensable comme médiateur de la paix, communique Bassel Oudat depuis Damas


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Qui donc a encore besoin de Paris ?

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 316
Qui donc a encore besoin de Paris ?

Les dirigeants syriens insistent, sans donner d’explications, pour que la Turquie garde son rôle de médiateur dans les discussions indirectes avec Israël. Des sources syriennes bien informées prétendent qu’il y a plusieurs raisons pour la préférence marquée à l’égard de la médiation turque.

Plus d’un an après le début des pourparlers syro-israéliens indirects, les Israéliens affirment que la Turquie ne peut pas être un médiateur équitable. Depuis la guerre d’Israël contre Gaza, les liens turco-israéliens se sont détériorés. Au début de cette année, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est sorti en catastrophe d’une réunion à Davos pour témoigner son impatience envers le Président israélien, Shimon Peres.

Lorsqu’il est allé en France à la mi-novembre, le Premier ministre israélien a répété que son pays rejetait le rôle de la Turquie dans les négociations. Nétanyahou a dit que c’était plutôt à Paris qu’incombait le rôle de médiateur.

La Syrie n’est pas disposée à complaire à Nétanyahou sur ce point. En effet, elle a rejeté les offres de médiation de plus d’un pays européen, notamment la France et l’Italie. Si l’Europe veut être vraiment utile, disent les Syriens, elle devrait convaincre les Israéliens de poursuivre les pourparlers par l’intermédiaire des Turcs.

Deux jours après la visite de Nétanyahou à Paris, le Président syrien est arrivé dans la capitale française et a déclaré que la Turquie est le seul intermédiaire acceptable. La France, a-t-il dit sans ambages, n’est pas un candidat plausible pour jouer le rôle de médiateur dans un avenir prévisible.

Al-Assad a invité la France à appuyer le rôle de la Turquie et à amener Israël à permettre à Ankara de rester le médiateur dans les pourparlers indirects. Les Syriens ont dit aux Français qu’en acceptant la médiation turque, Netanyahu prouverait son sérieux concernant la paix. Si Netanyahou veut la paix, il doit accepter le rôle de la Turquie, ont dit les officiels syriens.

La Syrie et Israël ont commencé des pourparlers indirects avec la médiation de la Turquie en mai 2008. Les négociations ont été suspendues par Israël en décembre 2008, juste avant l’offensive contre Gaza.

Des sources syriennes affirment qu’il y a plusieurs raisons pour que la Turquie garde son rôle de médiateur. D’abord, la Syrie a confiance dans la Turquie plus que dans n’importe quel pays européen. Ceci en raison des liens stratégiques et politiques solides entre les deux pays. Damas et Ankara s’entendent généralement sur diverses questions régionales. Et la Syrie estime que la Turquie est sincère dans sa quête de solution au conflit arabo-israélien.

Au cours des deux dernières années, des dizaines d’accords ont été signés par la Syrie et la Turquie en matière de sécurité et de questions militaires ainsi que dans les domaines économiques et culturels. Les relations entre les deux pays ont pris un tournant avec la signature de l’accord annulant les visas entre les deux pays.

La Syrie et la Turquie ont conclu un accord de libre échange et commencé à coopérer dans les diverses coentreprises de l’industrie et de l’infrastructure. Tout bien considéré, les deux pays traversent une phase harmonieuse de coopération et d’entente.

Les Syriens ont aussi beaucoup d’estime pour le rôle joué par la Turquie au niveau régional. Damas estime que la Turquie a une influence considérable sur Israël. En tant que lien géographique entre l’Asie et l’Europe et partenaire militaire d’Israël et de l’OTAN, Ankara peut exercer une influence sur les Israéliens, disent les Syriens. Damas est également satisfaite de la politique étrangère d’Ankara, notamment du fait que les Turcs ont maintenu des relations impartiales avec l’Irak, le Liban, et l’Iran.

La Turquie a une économie relativement forte. Chose plus importante encore, elle contrôle une grande partie de l’eau qui pénètre dans la région. C’est un élément dont tant les Syriens que les Israéliens sont extrêmement conscients.

Lorsqu’il s’agit de traitement équitable, les Syriens font plus confiance aux Turcs qu’aux Européens. En raison de leurs liens étroits avec Israël, la plupart des pays européens ne peuvent pas être de bons médiateurs. Selon Damas, même quand ils le tentent, les pays européens ne peuvent être entièrement équitables.

Si les Européens veulent vraiment aider, ils devraient servir de médiateurs entre la Syrie et les États-Unis. Selon des sources syriennes, Damas ne renoncerait à la médiation de la Turquie que si les USA étaient disposés à intervenir pour patronner les pourparlers de paix.

S’il fallait choisir entre la Turquie et les États-Unis comme médiateurs, Damas opterait pour les États-Unis, car les Étasuniens ont le pouvoir d’obliger Israël à se conformer à un accord équitable. L’effet multiplicateur, politique et économique que les USA peuvent exercer sur Israël est bien supérieur à celui d’Ankara. Cela fait presque un an que le Président Obama s’est engagé à travailler pour la paix au Moyen-Orient et les résultats obtenus sont minces. Pourtant, la Syrie a toujours bon espoir que les Étasuniens pourraient intervenir et faire fonction de médiateurs. En fait, Damas espère que la médiation étasunienne atténue les tensions avec Washington et mette fin aux sanctions.

Netanyahou n’est absolument pas d’accord. Il veut punir le gouvernement turc pour sa réaction lors de la guerre contre la Bande de Gaza. Plus précisément, il veut revenir sur les accords conclus jusqu’à présent lors de discussions indirectes.

Certains progrès ont été faits lors des pourparlers parrainés par les Turcs. Lorsque ces pourparlers ont été rompus, les deux parties étaient sur le point de discuter des frontières exactes du 4 juin 1967 et d’entamer d’autres questions concernant l’accord final. Netanyahou veut un autre médiateur parce qu’il préfèrerait recommencer à zéro.

En outre, Israël espère encore brouiller les relations entre la Syrie et l’Europe. Les Israéliens veulent donner à l’Europe l’impression que la Syrie ne favorise pas sa participation aux pourparlers.

Il y a 15 jours, le Ministre des Affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, a répété que son pays rejetait la médiation turque. Il a dit que les Turcs ne pouvaient pas impunément insulter Israël et son président et premier ministre.

Selon certains signes, la Turquie et Israël essaient de démêler leurs désaccords. Des officiels turcs et israéliens ont parlé de leur désir de rétablir l’alliance entre leurs pays. Lorsqu’il a visité la Turquie à la mi-novembre, le Ministre israélien du commerce et de l’industrie, Binyamin Ben- Eliezer, a évoqué les "liens spéciaux" unissant les deux pays. Israël veut consolider ses liens politiques, stratégiques et économiques avec la Turquie, a-t-il dit.

Ben-Eliezer a été le premier ministre israélien à visiter la Turquie depuis que les relations entre les deux pays se sont refroidies il y a un an. Il a dit que la Turquie pouvait aider à remettre les choses en marche dans le conflit syro-israélien, et pourrait redevenir un médiateur. Interrogé à propos des déclarations de Lieberman, Ben-Eliezer a dit qu’Israël est une démocratie et que chacun peut dire ce qu’il veut.

Bien qu’elles soient minces, il y a des chances que la Turquie puisse reprendre la médiation. Toutefois, il existe d’autres options. La France et la Russie ont suggéré une conférence internationale sur la paix. Néanmoins, la dernière en date, tenue à Annapolis en 2007, n’a guère été couronnée de succès.

Vu l’état des choses, la paix risque d’être impossible à réaliser à moins que les Étasuniens, actuellement occupés ailleurs, n’interviennent comme médiateurs, promoteurs et garants.

Source "info-Palestine"


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