)
PARIS 20ÈME : LA FOOT PASSION VERSION TURQUE
GAZETTE DES SPORTS PARIS 20
Café Dostlar
FOOTBALL CLUB DES SUPPORTERS
Article Jean Guillaume Lozato
Correspondant de la Gazette des Sports de Paris 20.fr
30-03-2015
Nous avons choisi, ce mois-ci, de vous faire découvrir un endroit du 20ème où le foot est vécu comme une passion. Il s’agit du café Dostlar ou se réunit la communauté turque passionnée de football et ardente supporter du club Galatasaray d’Istanbul.
Un endroit atypique
Rien ne prédestine, en effet, le touriste lambda à s’intéresser a priori à la zone comprise entre le vingtième arrondissement de Paris et la toute proche commune banlieusarde de Montreuil.
Zone tampon, zone de passage éphémère, zone de libre-échange, à la fois micro et macroéconomique. Zone de commerce parfois en version capitalisme sauvage en terre pourtant ’’rouge’’ ,avec l’imposant siège de la CGT défiant un grand hypermarché d’une enseigne française reconnue, et un marché un peu fourre-tout ayant des accents parfois maghrebisants, parfois maliens, parfois tziganes.
Un accent dénote toutefois au cœur de cette noria de circulation et de cultures. Il s’agit d’un accent tout droit venu de l’Ancien Empire Ottoman. Un accent sur toile de fond sportive de surcroît. L’enclave lui correspondant n’est autre que le café-salon de thé ’’Café Dostlar’’ (’’Café de l’Amitié’’ en langue turque).
Le Café Dostlar se situe à la croisée des chemins. Un peu comme une autorité consulaire turque, entre les boulevards maréchaux et le Stade Maryse Hilsz jouxtant le périph’ parisien. Tiens, tiens, un stade ! Le Café Dostlar est voisin de terrains de football. De plus, il honore, par la même occasion, le monde du ballon rond.
La passion foot
Dans cet établissement prisé par la communauté turque de l’est parisien, le ballon sphérique constitue l’objet de bien des conversations enjouées. Sous le regard vigilant mais bienveillant de Djevdet, le patron des lieux à la courtoisie tout en retenue, des soirées sont organisées en cas de grosse affiche de la Champions League. Ces soirées, à vocation footballistique, s’orientent essentiellement sur le championnat turc. Récemment, le derby stambouliote Fenerbahçe-Galatasaray déchaîna les passions un dimanche après-midi de mars. Pour la petite histoire les jaunes et bleus du premier club nommé remportèrent cette manche par un but à zéro.
Une mixité enrichissante
L’avantage d’assister à ce genre de match dans l’établissement est double. Pour les ressortissants turcs ou leurs descendants, le fait de se replonger dans un microcosme authentique restituant l’ambiance locale des stades turcs. Pour les allochtones, l’avantage de découvrir et de comprendre la Turquie du Football.
L’enrichissement pour l’observateur extérieur se poursuit jusque dans la décoration des lieux : deux photographies encadrées de la ‘‘Milli’’ (surnom de l’équipe nationale de Turquie), une écharpe du Galatasaray (détenteur d’un trophée continental, en l’occurrence la Coupe UEFA) ainsi qu’un fanion de l’équipe de Elazig, ville d’origine de la plupart des clients du lieu.
Un lieu de souvenir
Les plus belles pages d’histoire de ce café/salon de thé turc correspondent de manière linéaire avec les légendaires succès obtenus par l’équipe nationale en 2002 (médaille de bronze en coupe du monde) puis 2008 (finaliste de l’EURO).
Deux moments où le public sembla découvrir le football Made in Turkey. Avec ses vedettes Hakan Sükür, Hasan Sas, Ergun,Alpay, Recber, Savet, Volkan. Un football qu’ils auraient pu mieux identifier et apprécier s’il s’était rendu à ce café un peu plus souvent afin d’en partager l’effervescence footballistique. Ou la repartager à l’occasion de Russia 2018 mais plus encore pour Qatar 2022 si la Fédération de Turquie retient les enseignements du passé et à condition de savoir faire fructifier son capital effectif en Péninsule Arabique. Cette péninsule qui faisait partie à une époque de l’illustre et craint Empire Ottoman. Cette péninsule qui comprend le Qatar si cher au Paris Saint-Germain. Cet ancien empire turco-ottoman qui comprenait le Yemen, terre d’origine du café objet de commerce. Et du café robusta revenons au Café Dostlar, beaucoup plus proche de nous. Un café qui se trouve d’ailleurs non loin du stade du Paris F.C.Une question de destinée.
Article Jean Guillaume Lozato
Correspondant de la Gazette des Sports de Paris 20.fr
